Mazarinades (1648-1653) : la Fronde, les mots, les presses
Mazarinades (1648-1653) : la Fronde, les mots, les presses EN

I. La mazarinade type ? La mazarinade de Paul Scarron

   Les caractéristiques matérielles des mazarinades sont bien représentées dans le pamphlet éponyme attribué à Paul Scarron : papier de piètre qualité, quasi transparent, format in-quarto, en demi-cahiers de deux feuillets ou cahiers de quatre feuillets pour donner un livret le plus souvent de 4, 8 ou 16 pages, dans lesquelles on s’efforce de faire tenir le texte, ce qui peut conduire à sacrifier la page de titre, ou à publier en un seul paragraphe, ou encore à imprimer sur deux colonnes, à jouer avec la taille des caractères, à remodeler le texte. Ce format in-quarto était d’ailleurs déjà celui d’autres publications de large diffusion, actes officiels, gazettes.
La page de titre très dépouillée met en valeur les mots du titre, visibilité accrue par la taille des caractères. L’ensemble, y compris la mention fallacieuse d’une copie bruxelloise, devait donner toutes les apparences d’une publication anonyme, clandestine, donc susciter l’envie de la lecture, l’achat.
Le décor se résume ici à un bandeau, frise du même fleuron répété. Certains bandeaux étaient plus élaborés, cartouches encadrant un décor figuratif, une saynète. On introduisait souvent le texte par une lettre ornée. Lorsqu’il existait une page de titre complète, elle incluait la marque de l’imprimeur-libraire, ou bien une vignette à décor de grotesque, un vase empli de fleurs, une corbeille de fruits. Ces ornements, gravés sur bois, étaient les plus couramment utilisés, et réemployés dans toutes sortes d’éditions jusqu’au-delà de l’usure.
   Au total les mazarinades étaient conçues pour être imprimées en grand nombre le plus rapidement possible au moindre coût, afin de dégager une marge appréciable à la vente. La bonne réception du pamphlet par le public conduisait à la multiplication des éditions, officielles ou contrefaites. La conjonction d’auteurs en mal d’exutoire, d’un public élargi avide de les lire et d’un secteur du livre – notamment mainte entreprise familiale parisienne, en difficulté économique durant les années 1640 – fit de ces éphémères pamphlets une formule à succès dans le contexte exacerbé de la Fronde.

 

01. [Paul Scarron], La mazarinade.

Sur la copie imprimée à Bruxelles. [Sans lieu : sans nom], 1651. 7-[1 bl.] p. ; in-4.

   Cette édition est plutôt aérée. Après la page de titre et son verso laissé en blanc, les vers octosyllabes sont imprimés sur douze pages par demi-cahiers en une colonne unique de 36 lignes au maximum. Le dernier feuillet, non imprimé, n’était le plus souvent pas conservé lorsque le libelle était relié avec d’autres en recueil.

Mazarine : M 10210


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