Un succès de librairie européen : l'Imitatio Christi (1470-1850)

Un succès de librairie européen : l'Imitatio Christi (1470-1850)

Composée en Flandres au 15e siècle, l’Imitation de Jésus-Christ est l’œuvre phare de la Dévotion moderne, courant de pensée qui eut une influence considérable dans le renouveau spirituel et intellectuel de l’Europe à la fin du Moyen Âge.
   Elle a connu un succès massif, attesté par plus de 800 manuscrits conservés et plus de 2 000 éditions imprimées entre 1470 et le début du 19e siècle. C’est sur toute cette période le livre le plus édité et le plus lu après la Bible.
    Diffusée dans toutes les langues européennes, puis en langues orientales, elle a rencontré plusieurs courants spirituels (la Réforme, la Contre-Réforme, le jansénisme). Elle fut traduite par des poètes (Pierre Corneille), des hommes d’état (Michel de Marillac), des théologiens (Isaac Lemaistre de Sacy).
    Si l’Imitation de Jésus-Christ est aujourd’hui attribuée à Thomas a Kempis (1380?-1471), elle a été assignée depuis près de six siècles à près de 40 auteurs différents, dont le chancelier de l’Université de Paris Jean Gerson (15e siècle) et un hypothétique bénédictin, Giovanni Gersen (13e siècle). La question a suscité de vives controverses au 17e siècle, à une époque où l’attribution des textes devenait un enjeu de la République des lettres. Gabriel Naudé (1600-1653), bibliothécaire du cardinal Mazarin, joua alors un rôle décisif par ses recherches et ses interventions dans ce débat, en défendant de manière scientifique la candidature de Kempis.
    L’exposition, organisée autour de manuscrits et de livres rares, montre la variété des formes que prit l’Imitatio du Moyen Âge à l’époque romantique. Les premières impressions sont présentées – de la princeps latine (vers 1470) aux premières éditions allemande (1486), française et italienne (1488) ou anglaise (1502-1504) – ainsi que les éditions qui ont fait date dans l’histoire de sa mise en page, celles qui firent polémique, ou celles qui donnèrent lieu à de monumentales réalisations typographiques (le premier livre produit par l’Imprimerie royale en 1640, les chefs-d’œuvres lithographiques réalisés par le prince de l’édition romantique Léon Curmer).
    Une importance particulière est accordée à l’illustration, en particulier aux grands cycles gravés qui accompagnèrent l’Imitatio aux 17e et 18e siècles, marqués par les peintres Jacques Stella, Philippe de Champaigne ou Lubin Baugin.

Commissariat : Martine Delaveau & Yann Sordet (2012)

Présentation de l'exposition

 Pour aller plus loin :

Un succès de librairie européen : l'Imitatio Christi (1470-1850)
Sous la direction de Martine Delaveau & Yann Sordet
Paris, Editions des Cendres & Bibliothèque Mazarine, 2012,
194 p. ; ill. en coul. (ISBN 979-10-90853-01-0). 32 €

 

1. Diffusion manuscrite

Liber interne consolationis editus a fratre Thoma de Kempis [livre III du De Imitatione Christi].

Manuscrit sur parchemin, copié et enluminé en Flandres en 1472.

L’Imitation de Jesus-Christ est composée de quatre traités rédigés séparément par Thomas a Kempis au début du 15e siècle. Leur réunion n’est pas antérieure à 1427 (date du plus ancien manuscrit complet conservé). Toutefois, même après cette date leur circulation sous forme séparée se poursuit, au moins jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Ainsi ce manuscrit, qui provient de la grande abbaye brabançonne d’Affligem, ne comporte que le troisième livre. C’est un manuscrit de la tradition kempiste, qui attribue explicitement le texte au chanoine du Mont-Saint-Agnès (voir l’incipit, sur le feuillet exposé). L’identité de l’auteur de l’Imitatio est un objet d’interrogation dès le 15e siècle, puis de controverse à partir du 17e siècle. Si les noms les plus fréquemment avancés sont ceux de Jean Gerson (1363-1429) et de Thomas a Kempis (1380?-1471), l’examen des manuscrits et des éditions conservés fait apparaître une quarantaine de candidats.

Mazarine : Ms. 929


Permalien : https://mazarinum.bibliotheque-mazarine.fr/idurl/5/18069