De Garamont aux Garamond(s) : une aventure typographique
De Garamont aux Garamond(s) : une aventure typographique

II. Claude Garamont, graveur de caractères

   Fils d’un imprimeur d’origine bretonne, Claude Garamont débute son apprentissage vers 1530 sous la direction d’Antoine Augereau, jeune imprimeur établi rue Saint-Jacques. Tout en se formant à la gravure et à la fonte de caractères, il découvre les milieux humanistes qui gravitent autour des « lecteurs royaux ». En 1535, après l’exécution de son maître pour hérésie, Garamont débute sa carrière. Recruté comme fondeur de l’atelier du Soleil d’Or, il est repéré par l’aumônier du roi Jean de Gagny, qui devient son protecteur et qui l’associe à différents projets culturels portés par la couronne. En 1539, Garamont est d’abord chargé d’équiper l’imprimerie de Conrad Néobar, récemment nommé « imprimeur du roi pour le Grec ». L’année suivante, il reçoit la commande des « Grecs du roi », dont la gravure l’occupe près de dix ans. En 1541-1543, Garamont s’installe à l’hôtel de Nesle avec son beau-frère Pierre Gaultier, où il semble être chargé d’établir une imprimerie dédiée au futur « collège des trois langues » que le roi a l’ambition de créer.

   Après l’abandon de ce projet, Garamont se lance dans une brève carrière d’éditeur (1545-1546), avant de se consacrer pleinement à la gravure et à la fonte de caractères. Celui qui se présente déjà comme le « tailleur de caractères du roi » s’impose ainsi à la fin des années 1540 comme le graveur le plus réputé de Paris et conserve ce statut jusqu’à sa mort en 1561.

16. Le portrait de Claude Garamont

[Léonard GAULTIER]. Portrait de Claude Garamont, dans Pourtraictz de plusieurs hommes illustres qui ont flory en France depuis l’an 1500. – Paris : Jean Le Clerc, ca. 1600.

Vers 1600, l’imprimeur et marchand d’estampes Jean Le Clerc publie un grand placard présentant les Pourtraictz de plusieurs hommes illustres qui ont flory en France depuis l’an 1500, dont la gravure est attribuée à Léonard Gaultier. Parmi les 144 personnages retenus pour illustrer le XVIe siècle se trouvent des hommes d’État, des ecclésiastiques, des juristes, des poètes et des hommes de science. À la toute fin apparaissent quelques artistes et trois typographes : Robert Estienne, Christophe Plantin et Claude Garamont, « qui ont éternisé leur mémoire parmy le monde, pour avoir conduit l’excellent art d’Imprimerie à sa perfection. » C’est là le seul portrait connu de Claude Garamont.

Le placard édité par Jean Le Clerc a souvent été découpé et intégré à des « Chronologies collées », fabriquées de façon très artisanale, comme c’est le cas de cet exemplaire constitué par Claude-Antoine de Vallès pour le chancelier Nicolas Brulart de Sillery vers 1620.

Mazarine : 2° 6767 [Res]


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