De Garamont aux Garamond(s) : une aventure typographique
De Garamont aux Garamond(s) : une aventure typographique

IV. La résurrection

   Durant la première moitié du XIXe siècle, qui voit triompher le style néoclassique des Didot, les caractères de Claude Garamont sont entièrement délaissés. Pourtant, après cette éclipse d’un demi-siècle, les types anciens sont réhabilités, grâce à l’initiative d’un imprimeur lyonnais, Louis Perrin, qui fait graver des caractères imitant ceux de la Renaissance. Perrin lance ainsi dans les années 1850 la mode des caractères dits « elzéviriens », qui réhabilitent les formes anciennes auprès du lectorat français.

   Cette évolution conduit Arthur Christian, le directeur de l’Imprimerie nationale, à remettre en usage des types anciens, ceux de Jean Jannon, qui sont diffusés par son établissement sous le nom de « Garamond » à partir de 1900. C’est le début d’une véritable « Garamonomanie » : en l’espace de quelques années, plusieurs dizaines de revivals sont mis en circulation, non seulement en France mais également en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Italie où ils s’imposent massivement dans la presse, l’édition et la publicité.

   L’histoire du « Garamond » accompagne ainsi la mutation des industries graphiques tout au long du XXe siècle depuis l’arrivée des fondeuses-composeuses mécaniques jusqu’à l’informatique, en passant par la photocomposition.

64. 1846 : Louis-Benoît Perrin et le « renouveau elzévirien »

Imprimerie de Louis Perrin. Pages de spécimen. – Lyon : Louis Perrin, 1855.

En 1846, l’imprimeur lyonnais Louis-Benoît Perrin imprime les Inscriptions antiques de Lyon d’Alphonse de Boissieu. Les caractères Didot dont il dispose étant inadaptés à l’édition de textes épigraphiques antiques, Perrin fait réaliser par le fondeur Francisque Rey une série de lettres capitales à l’antique présentées sous le nom de « caractères Augustaux ». Fort de cette expérience, il fait ensuite graver par Jean-Marie Fugère des lettres minuscules qui reproduisent les meilleurs caractères romains et italiques de la Renaissance. Il leur associe des matériels décoratifs qui pastichent ceux du règne de François Ier. C’est le début de la mode des caractères dits (à tort) « Elzéviriens », très prisés des bibliophiles, qui se répandent largement dans l’édition dans la seconde moitié du XIXe siècle et réhabilitent les formes de la Renaissance.

Coll. part.


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