II. Une tour d’encre. Iconographie

   Enlumineurs, peintres, dessinateurs et graveurs ont représenté la tour de Nesle sous divers angles, qui, tous, offrent autant de perspectives originales, nous montrant tantôt le centre de Paris, l'île de la Cité ou le Pont-Neuf, tantôt le Louvre et la campagne environnante. Très souvent, la tour de Nesle se profile à l'arrière-plan, comme un élément visuel d'identification de Paris ou comme un point de repère dans le paysage urbain.
   La seconde partie convoque ainsi le manuscrit enluminé, les vues gravées de Paris au XVI^e siècle, les somptueuses estampes de Jacques Callot ou d'Israël Silvestre pour donner l'image d'une tour « d'après nature ». Mais elle présente aussi le travail des graveurs, illustrateurs, peintres – souvent amateurs d'archéologie voire archéologues eux-mêmes –, du XIX^e siècle, les Hoffbauer, Viollet-le-Duc ou Robida, auteurs de véritables (re)créations romantiques de la tour alors disparue depuis plus de deux siècles.

« La tour de Nesle, plan et vue perspective ». Gravure sur bois d'Auguste-Étienne Guillaumot d’après les dessins d’Eugène Viollet-le-Duc, dans : Eugène Viollet-Le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI^e au XVI^e siècle, Paris, 1858-1968, t. IX (1868), article « Tour ».

   Conforme à son « imaginaire » scientifique et à ses principes de restauration des monuments historique, la tour de Nesle que Viollet-le-Duc présente dans son dictionnaire d'architecture est un mélange de restitution dans un état réputé originel et d'élements issus de son imagination. Ainsi, s'il est le premier à restituer le pont-levis lié au pont dormant de la porte de Nesle, il coiffe les tours de celle-ci de poivrières imaginaires. À noter que le graveur, son élève Auguste-Étienne Guillaumot, utilise la technique de la gravure sur bois de bout pour permettre l'interpénétration du texte et de l'image imprimés sur une même page.

Mazarine : 8° 30386 N