La Tour de Nesle : de pierre, d'encre & de fiction
La Tour de Nesle : de pierre, d'encre & de fiction EN

III. Une tour de fiction. Légende, littérature et culture populaire

   Au-delà de l'histoire ou de l'image, la mémoire de la tour de Nesle se perpétue surtout dans la culture populaire grâce ou à cause de la légende qui veut qu'elle ait été le lieu d'orgies sanglantes à l'issue desquelles des princesses débauchées jetaient leurs amants dans la Seine. Basée sur un authentique scandale impliquant en 1314 les belles-filles du roi de France, cette légende se forme un siècle plus tard et ne cesse ensuite d'évoluer, au gré des connexions littéraires et des approximations historiques, inspirant ballades, drames romantiques, parc d'attraction, dessin animé, romans et films.
   La troisième partie de l'exposition évoque cette riche matière en faisant la part belle aux auteurs dont l'oeuvre souvent reprise ou adaptée, à la scène comme à l'écran, a popularisé une tour de Nesle imaginaire où tout n'est que désordre, fureur et volupté. D'une édition incunable de la Ballade des dames du temps jadis de Villon au manuscrit autographe des Rois maudits de Maurice Druon, en passant par l'édition originale de la pièce d'Alexandre Dumas ou des éditions bon marché de romans populaires, l'écrit laisse ici aussi la place au visuel avec des costumes de scène, des affiches ou des vignettes de collection.

10. Les habits du drame

Eugène du Faget, Maquette de costumes pour La Tour de Nesle, 1832. Dessin (aquarelle et rehaut de gouache) 

   La pièce de Gaillardet et Dumas est créée le 29 mai 1832 au théâtre de la Porte Saint-Martin dont le directeur est alors Harel, avec une distribution prestigieuse. Le rôle de Marguerite est tenu à la création par Mlle George, sans doute la meilleure actrice de son temps qui après une brillante carrière de tragédienne au Théâtre-Français sous l'Empire, est alors l'interprète fétiche des romantiques pour qui elle crée les rôles de Christine, de Marie Tudor, Lucrèce Borgia.... Quant au rôle de Buridan, initialement destiné comme on le voit ici à Frédérick Lemaître, acteur phare, depuis son rôle de Robert Macaire dans L'Auberge des Adrets (1823), des mélodrames joués dans les théâtres du « boulevard du crime », il est finalement repris par Bocage.

BNF, Bibliothèque-Musée de l'Opéra : D216 O-2 (104)

 


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