Le livre arménien de la Renaissance aux Lumières : une culture en diaspora
Le livre arménien de la Renaissance aux Lumières : une culture en diaspora

II. D'Amsterdam à Marseille

 

 

12. La première Bible arménienne imprimée (1666)

[Astwacašunč‘ / Bible]. Amsterdam : Imprimerie Saint-Etchmiadzin et Saint Sargis Zōravar, 1666. In-4°.

   Cette première édition de la Bible arménienne constitue l'aboutissement d'un long effort. Les tentatives répétées des catholicos d'Arménie et de leurs délégués en Europe, depuis le XVIe siècle, avaient été contrariées par la censure romaine et par des questions techniques et financières. Rome exigeait en effet une mise en conformité de la Bible arménienne avec la Vulgate latine. Le bassin méditerranéen, en particulier Venise, était tout désigné pour accueillir l'atelier typographique susceptible de mener le travail à son terme, mais la censure romaine est toujours intervenue pour arrêter net les initiatives arméniennes. C'est donc en dernier ressort que l'évêque Oskan d'Erevan a opté pour l'installation de son imprimerie à Amsterdam, qui cumulait plusieurs avantages : une forte tradition typographique, une colonie de négociants arméniens prospères, des liens maritimes avec les échelles du Levant, une liberté religieuse rendant l'inquisition romaine moins efficace.
   L'exemplaire exposé a été revêtu d'une luxueuse reliure exécutée à Amsterdam entre 1666 et 1669, par un atelier qui reste à identifier, et qui a souvent été confondu avec celui du grand relieur Albert Magnus. On connaît cinq reliures identiques, toutes réalisées sur la bible arménienne de 1666, dont l'une fut offerte au roi Louis XIV par Oskan d'Erevan. Les tranches ont reçu un exceptionnel décor ciselé, doré et peint.

Mazarine : 4° A 12952 [Rés.]

 


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